• Des fils aux pattes...

    Les marionnettes sont des poupées, destinée à être mise en mouvement, à devenir vivante sous les doigts du manipulateur (je préfère ce terme à celui de marionnettistes, pour une raison que vous découvrirez plus loin).

    La plupart des marionnettes sont des objets conçu à la base pour cet usage, mais vous pouvez aussi trouver du « théâtre d'objet », pour lequel on emploie des objets du quotidien en guise de marionnettes... j'ai vu un spectacle où deux types donnaient vie à de simples éponges à vaisselle, ou encore un western/spaghetti avec comme acteurs des légumes, et comme décor une table de restaurant....

    Quelle que soit l'apparence de la marionnette, elle fait appel à une chose profonde en nous, le besoin d'animer ce qui n'est pas vivant, pour « faire comme si ». Elle devient alors une extension tangible de nos rêveries, un instrument par lequel on peut exprimer une palette de sentiments, elle est un rempart derrière lequel nous nous cachons pour agir, comme un masque... A la différence qu'il s'agit, pour la marionnette, d'un corps entier, qui vient se placer entre nous et le regard du spectateur...

    Après cela, peu importe que le manipulateur soit visible, comme c'est le cas pour les marionnettes qui se jouent sur table, à mi hauteur d'homme. L'important, c'est qu'on y croit. L'important, c'est la vie que donne l'humain à l'objet, le degré de sensibilité qu'on parvient à faire passer à travers.


    Les jeux vidéos ne sont pas si différents que ça du jeu des marionnettes.

    On peut créer son « avatar », son personnage, et en choisir de moindre détail physique, pour ensuite se plonger dans un décor et interpréter un rôle.

    Pour moi, il s'agit bien là encore de marionnette, car c'est du bout de nos doigts, à l'aide du clavier et de la souris, ou d'une manette que se met à vivre notre personnage...

    A la différence, que dans un spectacle tout est prévu d'avance, le texte est écrit, la fin est connu; dans ce jeu, l'histoire ne dépend pas du vouloir d'un seul, mais de chaque protagoniste (pour les jeux de rôles en ligne en tout cas)...

    Chacun a donc tendance à projeter encore plus loin ses envies et ses désirs, et parfois, il arrive que l'on s'implique trop profondément, jusqu'à perdre pied, et en oublier qu'il s'agit là juste d'un jeu...

    C'est là que nous devenons nous même des marionnettes, victime de nos émotions, de notre caractère... Les fils que nous pensions tenir d'une main ferme s'emmêlent autour de nos poignets, et nous devenons le jouet de la colère, de la tristesse, ou même du plaisir...

    Dieu a fait l'homme à son image, dit la Bible... Et l'homme a fait les marionnettes pour oublier qu'il était lui même manipulé... Il ya tant de manipulateurs dans ce monde.... Des hommes, des symboles, des idées, et nous nous laissons malmener par eux, incapable de couper nos fils....


  • Commentaires

    1
    Frene
    Vendredi 14 Juin 2013 à 22:23

    Tu me donnes envie de revoir le magnifique film "Being John Malkovich" (la VF est aussi bien, je trouve).

    En tout cas merci pour l'explication.

    Tout de même, associer les mots "jouet" et "plaisir" dans la même phrase pour en faire sortir du malaise, fallait le faire. D'un strict point de vue technique (mais je suis trop sensible à la technique) c'est pas mal.

    Tes mots dégagent des regrets, de la tristesse, dans ce constat de notre statut de marionnettes. J'essaye de le comprendre un peu mieux. C'est difficile, pour moi. Si c'est par des personnes inconscientes de ce qu'elles font, ou bien par des idées ou des émotions, être manipulé ne me dérange pas. Même, peut-être est-ce le contraire.

    Parfois, j'aime perdre le contrôle.

    Comme on peut aimer s'égarer, avoir le vertige, avoir de la fièvre, ou encore, tout simplement, ressentir de l'ivresse.



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